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Collection « Art et photographie »

Angel Vergara
Textes de Daniel Vander Gucht, Laurent Busine, Juan Nieves, Laurent Courtens, Sarah Gilsoul, Benoît Eugène et Corinne Bertrand
160 pages, 22 x 32 cm, cartonné
ISBN 978-2-87317-524-5
35 €, 2021
Commande  : https://www.exhibitionsinternational.be/documents/catalog/978287317524-5.xml

Monographie la plus récente et la plus complète consacré à cet artiste belge d’origine espagnole héritier d’Ensor, de Broodthaers et de Beuys, connu pour ses performances et installations qui débordent et contestent l’esthétique dite relationnelle à laquelle on pourrait être tenté de les assimiler. Nous, les œuvres d’art…, avant d’être le titre emblématique de cette monographie presque exhaustive consacrée à plus d’un quart de siècle de création et d’actions artistiques d’Angel Vergara, né en 1958, incarne l’esprit de son œuvre dont l’ambition semble conjuguer le paradigme duchampien selon lequel tout peut accéder au statut d’œuvre d’art et l’injonction de Joseph Beuys qui invite chacun à devenir artiste, soit cette proposition paradoxale : tout le monde peut être une œuvre d’art. C’est que l’artiste entend repousser jusque dans ses derniers retranchements la distinction factice et idéologique propre au marché de l’art entre la scène et le public, entre l’art et la vie, en proposant notamment des cafés implantés dans des lieux à vocation culturelle qui ne soient pas de simples simulacres de commerces mais de véritables lieux de convivialité et de spiritualité où s’opèrent simultanément différentes formes d’échanges. C’est en effet ce principe que l’on retrouve à l’œuvre dans ses différents actions et interventions artistiques dans l’espace public, parfois à l’échelle de toute une agglomération comme à Revin (France), et plus généralement dans ses « actes et discours » sous la forme d’alter ego tels que Straatman, le Vlaamse Black, voire le roi des Belges ou celui de l’art, feu Jan Hoet. Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas pour Angel Vergara de figurer des personnages, aussi archétypaux soient-ils, et encore moins de célébrer les œuvres d’art cristallisées et réifiées dans leur aura et leur lustre institutionnel — Angel Vergara n’est pas pour rien l’héritier du pyromane Marcel Broodthaers même lorsqu’il entre dans Bruxelles juché sur un camion de pompiers – mais d’activer des dispositifs qui entendent inscrire une éthique de l’échange au cœur même de l’esthétique comme moyen et jamais comme fin.

Cette somme rassemble les propos de Laurent Busine et de Juan Nieves, vieux complices de l’artiste, et ceux de Laurent Courtens et de Sarah Gilsoul qui livrent de multiples clés de lecture de cette œuvre protéiforme et pourtant résolument cohérente. Outre ces analyses serrées que l’artiste a tenu à exemplifier à l’aide de très nombreux documents d’époque et des entretiens fournis, on trouvera ici des œuvres collaboratives emblématiques réalisées avec Benoît Eugène et Corinne Bertrand et un avant-propos de Daniel Vander Gucht.