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Collection « Palimpsestes »

L’axiome d’Éros
Véronique Bergen
144 pages, 12 x 18 cm
ISBN 978-2-87317-616-7
18 €, 2023
Commande : https://www.exhibitionsinternational.be/documents/catalog/9782873176167.xml

Premier livre en français qui interroge l’œuvre du dessinateur italien de bande dessinée Guido Crepax (1933-2003), cet essai questionne les révolutions graphiques et narratives qu’il introduit, l’avant-gardisme de ses créations, ses personnages féminins dont la mythique Valentina. Il déploie l’érotisme crépaxien à travers ses adaptations d’Histoire d’O., de Justine de Sade, d’Emmanuelle… et rend compte de la manière dont l’érotisme est vu comme le laboratoire d’une réflexion sur l’identité, le règne des images et le royaume de la sexualité en ses explorations illimitées.

Véronique Bergen, licenciée en philologie romane et en philosophie de l’Université libre de Bruxelles et docteure en philosophie de l’Université Paris 8, membre de rédaction de la revue Lignes, est philosophe, romancière et poète. Ses travaux philosophiques portent notamment sur Deleuze, Badiou, Sartre. Elle est élue le 10 février 2018 à l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Depuis 2015, Véronique Bergen collabore régulièrement à à diverses revues dont La Nouvelle Quinzaine littéraire, Art press, L’Art même, Flux News, Le Carnet et les Instants, Septentrion, Lignes, Diacritik, Edwarda... Autrice de plusieurs livres de poésie déjà à La Lettre volée (Brûler le père quand l’enfant dort et Encres, 1994 ; Tomber vers le haut, avec des peintures d’Helena Belzer, 2016) et toujours chez le même éditeur, elle a co-signé avec Aurélien Barrau et Mathieu Brosseau Variations sur l’animal central en 2018 et une monographie de Marie-Jo Lafontaine, Tout ange est terrible, en 2021. Ses essais comme ses romans s’emparent souvent de figures féminines emblématiques (d’Hélène Cixous à Liliana Cavani, de Marilyn à Barbarella, d’Hélène de Troie à Ulrike Meinhof, en passant par Janis Joplin, Patti Smith, Martha Argerich, Annemarie Schwarzenbach, Mylène Farmer ou Marianne Faithfull).

Véronique Bergen, des arts visuels aux mots
de Claude Lorent
in https://fluxnews.be/veronique-bergen-des-arts-visuels-aux-mots/?fbclid=IwAR09l5FibDG9Y1xigNGqfzKDmKlmHxQiF3c7VaTQ9j6Eo_YsfjkBGY0Bek0

On ne quittera pas Véronique Bergen sans plonger dans un tout autre ouvrage récent consacré au « Grand maître du neuvième art, Guido Crepax » vu sous l’angle de « L’axiome d’éros » par lequel elle livre, à travers ce choix, semble-t-il un autre aspect d’elle-même. En effet, on ne serait pas surpris d’y voir un engagement particulier de l’auteur tant sa détermination est exemplaire à proposer une analyse extrêmement fouillée de l’œuvre du bédéiste italien (Milan, 1933 – 2003). Un ouvrage bouillonnant de culture et d’intelligence perspicace, impossible à résumer mais qu’il faut lire impérativement car il révèle non pas uniquement une œuvre, mais aussi une époque et un état d’esprit libérateur d’être et de penser. D’emblée, elle parle « d’avant-gardisme » et des « révolutions graphiques et narratives qu’il met au point dans les années 1960 et qu’il ne cesse de relancer par la suite se cristallisent en travers de son personnage mythique, Valentina ». A travers cet être tutélaire (et quelques autres) de la femme libérée des Sixties, c’est la profonde révolution mentale et comportementale de figures féminines transgressives et audacieuses jusqu’au rejet de tous tabous qui est mise en scène et en mots. Valentina, dont le portrait s’inspire de celui de l’actrice américaine Louise Brooks, est une femme totalement émancipée bravant tous les interdits, « fille du surréalisme » et « affranchie des conventions morales ». Elle est rebelle, militante politique et son univers de prédilection se mélange avidement de fantasmes oniriques ou vécus, de baroquisme quasi délirant, « d’avidité sexuelle », sans compter qu’elle s’immerge au plus fort avec jouissance jusque dans l’érotisme sadomasochiste crépaxien. Pour dresser cette fresque analytique d’incursions initiatiques, Véronique Bergen convoque la part la plus avant-gardiste et la plus libre de la culture de l’époque traversée. Artaud, Bataille, Breton et bien d’autres en sont, autant que le cinéma, la littérature, l’architecture, la peinture, même le folklore et les royaumes de divinités. Une œuvre d’héroïnes électrons libres en tous domaines qui ne cessent depuis d’influencer nos pensées et nos attitudes même si tout ce qu’elles annoncent ne peut encore être considéré comme des acquis, surtout aujourd’hui, temps de régressions. Une mise à nu décapante et salutaire. Révélatrice.