Une méchanceté légendaire

Du 22 septembre au 5 novembre 2005

L’univers d’Agnès Geoffray est empreint de peurs qui nous ressemblent, qui nous paraissent étrangement familières. C’est un univers de latence, où l’avant et l’après sont préférés à l’acte proprement dit, déléguant ainsi la vision d’une horreur inventée.

Dans ses oeuvres, point de violence exacerbée. La violence n’est ici qu’esquivée. Les photographies, les textes font autre chose : ils nous hantent.

Les photographies judiciaires, journalistiques, voire médicales ont fondé la nature du travail, d’où cette continuelle fascination pour la notion d’objet photographique, qui lui permet de naviguer et jouer formellement avec tous les atours de la photographie.

Agnès Geoffray revendique le pillage et le recyclage comme un mode de fonctionnement privilégié. Elle pille, détourne et s’accapare les images qui nous environnent quotidiennement. Elle pratique le recyclage sur ses propres images et textes. Une même image, un même texte, deviennent ainsi modulables à l’infini.

L’exposition à la Lettre volée rassemble des textes et photographies, et inaugure la présentation de Bloc, une édition de 50 multiples. Bloc est un recueil de huit textes, des petites histoires courtes, qui existent comme le constat d’un récent passé. Morbides et absurdes,elles font appel à des peurs et fantasmes communs. Chacun est libre de détacher des feuillets du bloc comme autant de résidus de l’oeuvre, à conserver ou à jeter. On peut ainsi choisir de pérenniser ou supprimer la source des images mentales convoquées.