Peintures
Face au tableau le peintre n’a pas de plan.
Il y entre à l’aventure.
Il arpente le tableau, fonce en avant, revient en arrière, change de chemin, et gratte,
arrache la peinture, plie le trait, décortique l’image.
Son pinceau court à droite puis à gauche, frappe, maltraite.
Une chose apparaît, se déplace, s’abîme, se décolore.
Il tire tout à hue et à dia.
Tout cela semble assez lamentable.
On dirait le voir entrer dans une pièce obscure et inconnue, trébuchant dans les tapis,
bousculant les meubles.
C’est ainsi. Comme l’aveugle, il construit l’espace en tâtonnant.

La peinture est l’imitation du tâtonnement des aveugles.

F. D.

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